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La politique énergétique américaine depuis 1945 (2/2)

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Nous avons vu que depuis 1945, le poids des importations d’énergie n’a cessé de croître aux Etats-Unis, jusqu’au milieu de l’ère Bush. C’est en effet à partir du milieu des années 2000 que la politique énergétique américaine commence à privilégier ses propres productions.

Le gaz de schiste aux Etats-Unis, une manne actuelle mais non sans conséquences
Le gaz de schiste aux Etats-Unis, une manne actuelle mais non sans conséquences

La crise économique initiée aux Etats-Unis en 2007 a fortement touché le consommateur américain. Durant plusieurs années, la consommation d’énergie aux Etats-Unis s’est modérée. Cela est allé de pair avec l’héritage des années Clinton, le Président démocrate ayant initié des politiques d’efficacité énergétique, certes faibles mais innovantes au pays du roi-pétrole. A cette modération de la demande publique et privée s’est ajoutée une accélération de la réduction énergétique américaine. En effet, après une vague d’investissements sans précédent, le continent nord-américain s’est lancé dans l’exploitation d’hydrocarbures dits non conventionnels. Les ressources traditionnelles étant en déclin, il a fallu s’intéresser aux ressources fossiles plus difficilement exploitables, majoritairement en offshore (Golfe du Mexique) mais aussi en onshore. En effet, les Etats-Unis sont bien dotés en hydrocarbures non conventionnels, que ce soit en Pennsylvanie, au Texas, ou au Colorado. Ces investissements conséquents n’auraient pu être possibles sans un soutien étatique fort, à travers des incitations fiscales rendant les couts d’exploration semblables à ceux requis pour des hydrocarbures traditionnels.

Ce renversement est à double tranchant. Certes, on constate depuis quelques années une modération des importations américaines, rendant possibles des théories que l’on croyait disparues (un retrait des Américains du Moyen-Orient voire une Amérique exportatrice nette). En contrepartie, dans un contexte de cours modérés des hydrocarbures, de nombreux investissements se font à perte, et surtout, au détriment de l’environnement. Ce rush est extrêmement bénéfique pour le présent et a permis d’artificiellement contribuer à une croissance américaine endolorie depuis 2007. Néanmoins, à moyen terme, les effets positifs sont discutables et il y a fort à parier qu’un nouveau revirement soit possible dans les années à venir.

L’eldorado des hydrocarbures non conventionnels, notamment du gaz de schiste, a récemment permis d’endiguer le déclin de la production traditionnelle dans la majorité des champs américains. Une Amérique énergétiquement non déséquilibrée était impensable sous l’ère Bush, alors même que moins d’une décennie plus tard, la production énergétique américaine équivaut quasiment à la consommation. Cela entraîne, pour l’instant, la mort des énergies alternatives (charbon, nucléaire, renouvelable) mais surtout fait peser une épée de Damoclès sur les Etats-Unis, actuellement obnubilés par ce « gold rush » du XXIe siècle aux conséquences potentiellement dévastatrices.

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